Série : Critique objective de la croissance – Rubrique : L’impasse politique – Chronique n°23. Les forces contraires
Support de débat pour la réunion du 29/01/2023 à 17h00 sur https://meet.jit.si/decroissance
La décroissance du système économique de la grande société complexe actuelle est inéluctable Alors Que faire ? Et Comment faire ? La première question « Que faire ? », c’est essentiellement celle de savoir s’il faut attendre d’être arrivé au bout de l’impasse pour agir ou s’il faut agir avant ? Des éléments de réponse à cette question ont déjà été donnés précédemment lorsque, nous fondant ses des données historiques, nous avons souligné la prévalence de la capacité génétique de l’homme à l’adaptation au détriment d’une éventuelle capacité à l’anticipation.
Cette propension avérée de l’homme à ne traiter que ce qui est visible dans le moment présent, semble nous éloigner de l’hypothèse évoquée du demi-tour avant terme, d’autant qu’à ce doute ethnologique s’ajoute également un facteur politique, à savoir que l’option du demi-tour est conditionnée par une adhésion massive de la population humaine à ce choix et qu’il sera très difficile à un groupe politique, même animé par la recherche désintéressée de la vérité, de convaincre une grande majorité sur les seuls fondements d’une déduction mentale, dans le même temps où cette même population serait travaillée par une propagande contraire, disposant de moyens de communication importants et se fondant sur la réalité martiale de l’existant.
Pour parler clair, il ne paraît pas possible de convaincre la multitude des homos industrialis de la non-durabilité de la croissance autrement qu’en la laissant suivre son cheminement jusqu’à son terme, c’est à dire : « la laisser arriver, concrètement, au bout de l’impasse ».
Et ce n’est qu’à compter du moment où elle sera arrivé en face du mur, ou du précipice, selon les deux représentations possibles, que cette multitude sera mûre pour adopter une autre direction, et pour la raison évidente qu’elle sera alors indubitablement et réellement convaincue, et dans une proportion quasi totale, que la direction précédemment choisie était bien une voie sans issue.
Bien sûr, certains esprits combatifs refusent de se résoudre à ce scénario « subi » et caressent l’espoir, à défaut de certitude, qu’il reste, quand même, une possibilité de faire changer d’avis les masses populaires et de les convaincre d’emprunter une autre voie, ou de faire carrément demi-tour, mais les forces qui s’opposent à leur entreprise sont puissantes et nombreuses.
Ces forces puissantes, qui iront, comme dit le proverbe, jusqu’au bout de leurs forces sont, naturellement, celles du capitalisme, qui déploie déjà, comme nous l’avons montré dans les chroniques précédentes, tous les artifices possibles pour cacher aux yeux des masses l’inéluctable issue, et ce, afin de prolonger le plus longtemps possible ses activités lucratives et court-termistes, et nous ne doutons pas qu’il continuera à déployer ces artifices, de plus en plus sophistiquées au fil du temps, pour retarder l’échéance autant qu’il le pourra.
C’est ainsi que la stratégie globale du capitalisme pour convaincre les masses de la durabilité du système croissanciste (l’ineffable « développement durable »), qui jusqu’à présent reposait essentiellement sur la glorification de la technologie et les promesses d’enrichissement individuel, se sont dotées ces dernières années de dispositifs plus pernicieux et sophistiqués, visant désormais non plus à faire adhérer les masses populaires à la croissance, mais à, carrément, étouffer les voix de leurs éléments contempteurs, à défaut de pouvoir les contredire, soit par la preuve, soit par le raisonnement, ou, encore, par l’argumentation.
Dispositifs, que nous classerons en 4 catégories :
- la législation contre la liberté d’expression
- la propagande de discrédit
- l’institutionnalisation de l’arbitraire
- la fabrication de leurres
Dispositifs que nous allons naturellement détailler.
Dans la première catégorie : la fabrication de lois contre la liberté d’expression, nous avons vu récemment apparaître le souci des maîtres du pouvoir croissanciste de « juguler » la liberté d’expression sur les problèmes sociétaux dont l’argumentation pied à pied leur devenait particulièrement pénible, dont notamment un bon nombre de ceux que nous avons abordés lors des conférences précédentes.
En France, le plus beau fleuron de cette politique répressive est la loi du 22 décembre 2018, contre la manipulation de l’information, dite « loi fake news » ou « loi infox », dont nous avons déjà parlé.
Ce type de loi, dont certains ténors oligocratiques demandent déjà l’élargissement du champ d’application, visent à pénaliser, voire à criminaliser, la diffusion de certaines idées jugées fausses par un comité d’experts, comité naturellement agréé, voire enfanté, par le pouvoir lui même.
La récente crise sanitaire nous livre un exemple vivant de l’application de cette loi, puisque chacun peut constater que toutes les publications suggérant, par exemple, l’existence d’une marchandisation de la situation par l’industrie pharmaceutique (ce n’est qu’un exemple), se retrouvent censurées, même sur les réseaux sociaux, réseaux sociaux dont les dirigeants ont finalement accepté la demande des gouvernements de soumettre leurs publications à l’avis d’agences de notation de la pensée, organismes autoproclamés mais néanmoins adoubés par le pouvoir politique, de type Decodex, par exemple, toujours en France.
Dans la deuxième catégorie que nous avons dénommé « la propagande de discrédit », nous rangerons toutes les techniques permettant de s’exonérer du débat contradictoire en jetant un discrédit a priori sur celui qui le sollicite, et dont l’un des exemples les plus éclatant se nomme : « la théorie du complot ».
Alors qu’est ce que cette théorie du complot et en quoi est-elle un outil du pouvoir politique, comme nous l’avons dit, pour étouffer la contestation ?
Ce terme : théorie du complot est une expression d’origine anglaise, définie pour la première fois en 1945 par Karl Popper, philosophe proche de l’école autrichienne d’économie, expression qui est censée dénoncer comme abusive une hypothèse selon laquelle un événement politique aurait été causé par l’action concertée et secrète d’un groupe de personnes qui avaient intérêt à ce qu’il se produise, plutôt que par le déterminisme historique ou le hasard.
Or, et par une curieuse occurrence, il se trouve que, objectivement, cette définition n’est ni plus ni moins que le reflet assez exact du fonctionnement des sociétés oligocratiques mises en place après les révolutions de la fin du dix huitième siècle, où c’est, effectivement, une infime minorité d’individus qui décident des lois les plus importantes, c’est à dire qui exercent le pouvoir suprême.
Vu sous cet angle, cette diabolisation des « théoriciens du complot » revient en fait à fustiger et ostraciser tous ceux qui soutiennent que les décisions importantes sont prises par une infime minorité d’individus influencés directement ou indirectement par des groupes de pression et non pas influencés uniquement par la masse des électeurs qui les ont portés au pouvoir.
Ce qui revient, au final, à considérer comme une calomnie le fait de simplement suggérer, par exemple, que les députés de l’assemblée nationale seraient influencés dans leurs votes des lois par des lobbies catégoriels restreints, ou que les ministres le seraient également lorsqu’ils prennent des décrets ayant force de loi.
Nous noterons au passage que le fait que ces décideurs aient été élus ou pas, ne change rien au fait qu’ils ne sont qu’un groupuscule, souvent quelques dizaines, voire moins, à prendre les décision les plus importantes, et notamment celles qui engagent l’avenir de l’humanité.
Bref, depuis quelque temps cette expression ancienne a repris du service, sous une tournure plus agressive, doublée d’une déformation sensible quant à son acception commune. Déformation, tout d’abord dans sa phonétique, puisque « théorie du complot » est devenu « complotisme », assimilant ainsi ceux qui dénoncent un complot à des comploteurs, eux-mêmes. Ce qui, vous en conviendrez, est plutôt contradictoire.
Contradictoire, certes, du point de vue de la logique, mais ce qu’il faut bien comprendre c’est que, derrière ce renversement de sens, il y a non seulement le souci de calomnier par principe, et par avance, celui qui évoquerait l’éventualité de l’existence de motivations cachées et non dites à telle ou telle action du pouvoir en place, mais, également, en toile de fond, l’idée de pénaliser, voir de criminaliser, le simple fait d’émettre des doutes sur la version officielle des représentants du pouvoir, et, en fin de compte sur la vérité de l’Histoire officielle (histoire avec un grand H, naturellement).
En poursuivant ce raisonnement et en suivant, par la même, l’évolution de cette tendance chez les soi-disant dénonciateurs de la théorie du complot, nous observons que cette théorie vise à faire entrer dans l’esprit du grand public une doctrine en 4 volets :
- 1er volet : ceux qui évoquent l’existence de motivations cachées chez le maîtres du pouvoir sont réputés être adeptes d’une théorie néfaste dénommée : la théorie du complot
- 2ème volet : ceux qui évoquent l’existence de motivations cachées chez les maîtres du pouvoir, et qui donc sont des adeptes de la théorie du complot, sont dénommées des complotistes, et ce, pour faire plus simple et pour que le grand public comprennent mieux,
- 3ème volet : Le mot complotiste étant synonyme de comploteur, les adeptes de la théorie du complot, c’est à dire ceux qui croient à l’existence de motivations cachées chez les maîtres du pouvoir, sont eux-mêmes assimilés à des comploteurs, et donc de ce fait ostracisés et calomniés puisque l’acte de comploter est jugé répréhensible
- 4ème volet : L’idée finale serait ainsi de pouvoir réduire au silence ces gens qui « complotent » pour dénoncer des comploteurs imaginaires, et, pourquoi pas de les assimiler juridiquement à des négationnistes, au titre, par exemple, d’un élargissement de la loi Fabius Gayssot, en France
Voila pour ce qui est de la théorie du complot, outil facile d’emploi, permettant au pouvoir et à ses zélateurs, de calomnier à moindre frais leurs contradicteurs et ainsi discréditer en bloc leurs arguments.
Troisième catégorie de techniques dissuasives employées par le pouvoir capitaliste croissanciste : ce que nous nommerons, l’institutionnalisation de l’arbitraire et qui consiste à invoquer un principe non défini, ou mal défini, dans le corpus législatif (constitution incluse) pour asseoir une décision coercitive donnée. Cette technique étant particulièrement efficace pour évacuer nombre d’objections pénibles.
Au titre des principes non défini (ou même absents) du corpus, nous citerons le principe d’intérêt général et au titre des principes mal définis, nous citerons l’abus de liberté, tel qu’énoncé par exemple dans l’article 11 de la DDHC.
Afin d’illustrer notre propos, et afin de ne pas pousser trop avant l’étude critique des textes constitutionnels, étude détaillée qui a d’ailleurs fera l’objet de chroniques spécifiques consacrées à la « critique de l’oligocratie », nous laisserons pour l’instant de côté le thème de l’abus de liberté, pour ne nous attarder que sur celui de l’intérêt général.
Cet intérêt général, qui est très couramment invoqué par le pouvoir en place, soit pour justifier une décision coercitive prise en dehors de toute consultation élargie, soit pour évacuer une objection à laquelle aucun argument rationnel ne peut répondre (ce que nous avons dénommé les objections pénibles).
Mais, en fait, qu’est ce que l’intérêt général ? Et comment pouvons-nous le définir, puisque comme nous l’avons indiqué, il n’est pas défini dans la constitution française, par exemple.
Voyons ce que dit le Dictionnaire Larousse : Larousse commence par une définition générale « Conception de ce qui est bénéfique à l’ensemble des membres d’une communauté », puis il développe cette définition par les illustrations suivantes : « La notion d’intérêt général n’a de sens que pour un groupe d’individus membres d’une communauté, telle une collectivité, à laquelle ils ont conscience d’appartenir. Il est du ressort de l’État de poursuivre des fins d’intérêt général, c’est-à-dire d’entreprendre des actions qui présentent une valeur ou une utilité pour tous ceux sur lesquels s’exerce son autorité, et de les faire prévaloir sur certains intérêts particuliers ».
Nous constatons que la définition de l’intérêt général donnée par le dictionnaire renvoie à un autre concept, le bénéfique, qui, lui, n’est pas plus défini pour autant.
A la lecture du dictionnaire, nous apprenons donc que l’intérêt général est un synonyme de ce qui est bénéfique pour les membres d’une communauté, sans que nous soyons pour autant renseigné sur les critères objectifs qui pourraient être évidemment bénéfiques pour cette communauté, ni sur l’instance fondée à décider de ce qui serait bénéfique ou pas, dans les cas où la détermination de l’évidence de critères objectifs ne serait pas avérée, ou s’il subsistait un doute sur l’interprétation de ces critères.
La conclusion que nous tirons de cette lecture est que le terme intérêt général n’est pas défini par le dictionnaire Larousse.
Maintenant, Voyons comment le Pouvoir oligocratique, qui se prévaut régulièrement de cette notion pour justifier son édiction de lois coercitives, certaines pouvant même aller très loin dans la restriction des libertés fondamentales, comme, par exemple, celle de se déplacer, et, par surcroît, assises sur la base de motifs non expressément prévus par la constitution elle-même, voyons comment, et où, le pouvoir oligocratique définit-il cette notion.
Parce que, voyez-vous, et par un extraordinaire juridiquement incompréhensible, cette notion « fumeuse » d’intérêt général, que le dictionnaire de référence n’arrive même pas à définir, eh bien, elle fonde rien moins que l’ensemble du droit public dans un pays comme la France, par exemple, c’est à dire qu’elle permet de valider la plupart des dispositions législatives qui sont prises dans les domaines qui relèvent de lui.
Mais à la différence du droit anglo-saxon qui définit l’intérêt général comme la résultante, ou la somme, des intérêts individuels, et qui, de ce fait, peut livrer une définition pragmatique, de type, par exemple, intérêt général = « résultat d’une consultation au suffrage universel », le droit latin, lui, qui a cours notamment dans un pays comme la France, affecte à cette notion une sorte de non-définition intuitive, qui laisse sous-entendre que l’intérêt général est un intérêt qui dépasse l’intérêt individuel, constituant ainsi une finalité supérieure à laquelle l’individu doit se soumettre quoi qu’il en soit.
Cet intérêt général à la française devient alors un axiome et un credo intégré par une certaine partie de la population, une autre partie pouvant avoir un avis contraire et considérant que c’est elle qui détient le véritable intérêt général.
Ces divergences dans l’interprétation de l’intérêt général peuvent se constater dans des domaines variés, tels le climat, l’industrie nucléaire, l’adhésion à l’UE, le mode de production agricole, la démographie, les interventions militaires extérieures, etc.
La France étant néanmoins une nation de droit écrit, nous avons donc cherché dans son maquis législatif un texte susceptible de donner une définition un tant soit peu précise de ce concept flottant d’intérêt général. Et nous l’avons trouvé, sous la forme du règlement administratif Annexe 5 de la Circulaire du 18 janvier 2010 édictant les conditions pour qu’une organisation soit reconnue d’intérêt général.
Quelle n’a pas été alors notre surprise de découvrir, à la lecture de ce texte législatif, que la supposée définition de l’intérêt général s’imposant comme une vertu supérieure que personne n’aurait le droit de discuter, apparaît comme étant contradictoire avec les fondements mêmes de la démocratie représentative actuelle !
En effet, cette circulaire indique que la reconnaissance d’intérêt général d’une organisation est soumise à la réunion de 3 conditions principales :
- son but ne doit pas être lucratif
- sa gestion doit être désintéressée
- son activité ne doit pas être limitée à un cercle restreint de personnes
Or, nous sommes bien obligés de reconnaître que ces conditions sont loin d’être remplies par le système de la démocratie représentative, puisque ses gestionnaires, autant dans le domaine législatif qu’exécutif : députés, ministres, hauts fonctionnaires, sont rémunérés pour leurs activités, donc la gestion n’est pas désintéressée (condition n°2 non remplie).
De plus, l’activité de l’oligocratie est limitée à un cercle restreint de personnes : 577 députés, 350 sénateurs, 20 ministres, 100 préfets soit un petit millier de personnes sur 65 millions d’habitants. (condition n°3 non remplie, puisque son acivité est limitée à un cercle restreint de personnes).
Il est donc clair que, si nous nous fondons sur les termes de cette circulaire, l’intérêt général ne peut absolument pas procéder de l’Etat actuel. Nous noterons toutefois que, malgré cette incompatibilité, ce dernier semble autorisé à décerner un label d’intérêt général à toute organisation répondant à ces critères. Nous sommes bien là, arrivé au comble du paradoxe !
Il ressort de tout ces éléments, que le caractère imprécis de la définition du Larousse, ajouté au caractère contradictoire de l’acception oligocratique, nous conduisent à la conclusion que la notion d’intérêt général, ainsi conçue est le parfait synonyme de l’arbitraire.
Est-ce à dire pour autant qu’il soit impossible de définir ce concept d’intérêt général autrement que comme un outil discrétionnaire mis à la disposition de toute autorité souhaitant être déchargée de l’obligation d’argumenter ses décisions ?
Eh bien non, au contraire, l’intérêt général peut être défini de façon objective, rationnelle, et même scientifique, pour peu qu’il soit mis en perspective d’une loi physique ou biologique incontestée.
En effet, dans le cas où une affirmation, une loi ou un théorème scientifique relatif à l’ordre du monde ne serait contestée par personne (par exemple la loi de la gravitation de Newton), nous pourrions raisonnablement établir que l’intérêt général est de se conformer à cette loi et que, par conséquent, toute action ou comportement visant à la violer est contraire à l’intérêt général.
Hors de cette condition, et dans la stricte limite de son respect, le critère d’intérêt général ne peut objectivement être conféré à aucun objet particulier. Bien plus, la philosophie du droit hégélienne, nous a enseigné qu’aucune idée, quelle que soit sa formulation ou l’origine de sa conception, n’a aucune valeur tant qu’elle n’a pas été soumise à la contradiction et qu’elle n’a pas opposé à cette contradiction des arguments rationnels.
Ce protocole dialectique ne constituant toutefois qu’un premier pas, nécessaire mais non suffisant, pour atteindre le seuil de non-contestabilité d’une affirmation, car ce dernier ne sera atteint qu’au moment où plus aucune voix contemporaine librement exprimée ne viendra la contester.
Nous voyons donc que les critères objectifs de l’intérêt général sont pratiquement impossibles à réunir entre les mains d’une minorité et que toute tentative de le faire ne peut conduire que vers le despotisme et la dictature.
Voici donc pour ce qui est de l’institutionnalisation de l’arbitraire, 3ème technique que nous avons identifiée pour lutter contre la contestation.
Mais il arrive que ces trois techniques soient insuffisantes. Que la censure des opinions contraires, plus la calomnie des pensées hétérodoxes, et plus la pratique quotidienne de l’arbitraire n’atteignent pas complètement leur objectif, notamment au sein de collectivités où le citoyen de base possède un minimum d’esprit critique, objectif qui est d’éloigner, ou même si possible d’éradiquer, les idées jugées néfastes à la poursuite sereine de l’activité marchande croissanciste.
Le pouvoir capitalisme, expert par ailleurs en stratégie militaire, utilise alors une quatrième technique, issue de cet art : Le leurre.
La technique du leurre, comme chacun sait, consiste à créer de toute pièce une fausse cible afin que le projectile ennemi vienne s’écraser sur elle au lieu d’aller s’écraser sur celle qu’il avait initialement programmé.
Cette technique qui a connu un grand essor ces dernières années sur le plan militaire, a trouvé également des applications au niveau de la stratégie politique, Nous pourrions citer notamment le cas du réchauffement climatique et de la croissance verte.
Ces deux concepts, en forme de leurre, le réchauffement climatique et la croissance verte, agissent tout deux de concert en tant qu’agents occulteurs des vrais problèmes et sont, en réalité, destinés à canaliser les contempteurs de la croissance vers un solutionnisme tempéré et croissanco-compatible.
Car le capitalisme croissanciste dispose d’une capacité d’analyse avancée du comportement humain, qu’il notamment tiré de sa pratique du marketing qualitatif au sein de ses entreprises de production. L’idée simple, c’est de considérer qu’il n’est finalement pas plus compliqué d’élaborer un parfum de yaourt qui va plaire au consommateur, que de suggérer une idée sociétale qui va plaire à l’électeur.
Si bien que, dans le premier cas, occupé à déguster son yaourt parfumé, il ne lui restera plus assez de temps disponible pour réfléchir à autre chose, et que, dans le deuxième cas, occupé à s’agiter autour de l’idée sociétale attractive il lui restera plus assez de temps disponible pour chercher à identifier la cause profonde et première de son agitation.
Car ces deux concepts, le réchauffement climatique et le développement durable, largement les plus écolos-populaires du moment, sont bel et bien deux magnifiques leurres utilisés par l’oligocratie capitaliste croissanciste pour se défendre des contempteurs de sa politique, ou de sa géo-politique.
Cette affirmation fera sans doute grincer des dents, tout au moins pour ce qui concerne le réchauffement climatique, tant de nombreux militants, sans aucun doute sincèrement portés vers le bien-être de l’humanité, ont trouvé dans sa dénonciation une cause qu’ils considèrent comme étant primordiale pour s’assurer d’un avenir durablement meilleur, voire tout simplement durable.
De plus, il apparaît que débattre du thème du réchauffement climatique par les temps qui courent, et compte tenu de ce que nous venons de dire sur l’inflation des lois contre la liberté d’expression, les techniques de discrédit à priori pour cause de complotisme, et principes de non-débat sur les thèmes jugés d’intérêt général, n’est pas un entreprise exempte de risque, risques venant d’ailleurs de tous côtés, du pouvoir politique naturellement, mais également venant de groupes d’opinions ayant de plus en plus tendance à adopter les mêmes techniques que le pouvoir officiel pour se débarrasser de la contradiction.
C’est la raison pour laquelle, nous nous abstiendrons de débattre du réchauffement climatique sur le fond, c’est à dire sur la validité ou pas des trois postulats cumulatifs qu’il édicte : 1. la planète se réchauffe /2. ce réchauffement est dû à l’activité humaine /3. ce réchauffement est globalement néfaste pour les conditions de vie de l’espèce humaine.
Nous nous abstiendrons d’autant plus de nous poser ces 3 questions, que leurs réponses putatives n’ont d’ailleurs aucun intérêt du point de vue de notre propos. Pourquoi ?
Eh bien, parce que, tout simplement la vraie, ou les vraies questions, ne sont pas celles-ci. Car Le réchauffement climatique, quelques soient ses caractéristiques, n’est qu’une externalité négative de la croissance. Il n’est pas lui-même, un générateur de la croissance.
Et c’est là précisément qu’est le leurre !
Quant à savoir qui a créé ce leurre : le pouvoir oligocratique lui-même ? certains groupes de pression ? ou même s’il s’est créé spontanément tout seul ? La question n’est pas là non plus.
Le vrai problème c’est que la lutte contre le réchauffement climatique est une immense mystification qui, au bout de compte, profite à la croissance. Pourquoi ?
Eh bien, nous remarquerons tout d’abord que cette lutte jouit d’un remarquable consensus dans toutes les sphères de la pensée, pouvoir oligocratique en tête. Ce qui, déjà devrait semer le doute dans notre esprit.
Nous remarquerons ensuite que tous les mouvements qui s’agitent pour faire activer la manœuvre, ne remettent jamais en cause, ni le capitalisme, ni la croissance, si ce n’est qu’en termes vagues et vides de sens concret. Le doute s’amplifie .
Nous observons enfin que toute cette agitation autour du réchauffement climatique fait, en réalité, le lit du développement durable en canalisant l’essentiel des contestations vers l’idée fédératrice qu’il suffirait d’opérer quelques aménagements dits écologiques (ou plus exactement environnementaux) au mode de production capitaliste pour limiter la hausse des températures à 1 ou 2 degrés et pouvoir ainsi continuer un processus économique inchangé, et avec lui, bien entendu sa mécanique interne, la croissance.
De ce point de vue, le leurre du réchauffement climatique fonctionne également comme un mythe : le mythe de la possible croissance durable, en configuration capitaliste, et avec éradication des principales externalités négatives, le RC, mais également, pourquoi pas, toutes les autres : pollution, stérilisation des terres, maladies microbiennes, etc…
Car les procédés thérapeutiques existent, proposés par une autre branche du capitalisme, spécialement dédiée à ce commerce et qui se nomme : le capitalisme vert, et qui invente des solutions pour capturer le carbone, pour recycler les déchets, pour soigner les virus, etc…
Et, il est désespérant de constater à quelle vitesse et avec quel enthousiasme les masses populaires s’engouffrent dans ce type de leurre, attendant de ces solutions curatives suggérées par le système, un règlement du problème créé par le système lui même.
Tous ces efforts ne visent en fait qu’à adapter la croissance à la gestion de ses externalités négatives, ce qui est naturellement impossible.
Et quand bien même, et quand bien même ce serait possible, c’est à dire si nous admettions que le RC puisse être facilement limité à 1 ou 2 degrés, le problème de fond, c’est à dire la décroissance inéluctable du système de production pour cause de raréfaction de l’énergie et de la matière, ne serait pas réglé le moins du monde.
Alors, face à cette haute muraille renforcée et ce tir de barrage nourri, de l’oligocratie capitalise croissanciste, quelles sont les perspectives de l’action politique décroissante ?
C’est ce que nous étudierons dans la prochaine chronique