Je ne vois pas l’intérêt de faire campagne contre le seul candidat actuellement capable de faire bouger notre société vers plus de justice sociale, et de sortir de la gestion purement capitalistique et financière du pays. Je ne comprends pas comment Macron ou Le Pen pourraient porter un courant favorable à la décroissance. Alors que la France Insoumise me semble une organisation plutôt favorable à cette vision décroissante. Or soutenir Mélenchon à la présidentielle, c’est donner des chances plus importantes de succès à la France Insoumise aux prochaines législatives.
En politique, il faut faire attention à ne pas multiplier les groupuscules et j’ai appris, depuis 1968, et mes tentatives militantes de faire avancer avec des groupuscules pendant des dizaines d’années, à préférer agir avec un parti plus grand, plus fort et en conséquence porteur de divers courants ayant une base commune mais ayant des divergences tactiques sur l’action politique. EELV est un bon exemple de ce type de parti. La création de LFI m’a fait quitté EELV, car LFI me semble avoir une taille critique suffisante pour porter une vision sociétale que j’ai depuis longtemps, et qui m’a fait adhérer au PSU (j’y étais proche de l’AMR, l’alliance marxiste révolutionnaire), puis suivre les évolutions : AREV, Les Alternatifs (un parti qui avait fini par ne plus avoir de courants, avec des départs vers le PS pour les plus réformistes, le PCF pour les anciens communistes ou les Verts pour les plus écologistes), passage aux Verts pour arrêter la lutte groupusculaire et rejoindre un courant dit de gauche au sein des Verts, puis EELV sur une ligne toujours assez révolutionnaire, puis LFI. Je suis en accord avec la nécessité d’une vision décroissante ou après croissance, mais je ne crois pas à la possibilité de faire avancer ce projet politique, plutôt classé « à gauche » et pour ma part « révolutionnaire » en tentant de créer une nouvelle force indépendante et en divisant encore un peu plus les partisans de la sortie du capitalisme, préalable à mon sens de la mise en place d’une société post-croissance.
Michel Thomas