5 – Amendement du programme sur le nucléaire (JLP)

Proposition de  Jean-Luc Pasquinet

Voici mes propositions; Mais à mon humble avis et dit gentiment, le projet est mal ficelé. Vous auriez du commencer par des considérations sur la société industrielle dans sa globalité (voir 108), car la décroissance s’oppose au projet de la société industrielle de dominer la nature. La modification climatique générée par les émissions anthropique de gaz à effet de serre, accélérée depuis le début de la société industrielle doit être traitée en préambule.

X.6. L’industrie nucléaire

105.La mise en place de l’industrie nucléaire a été décidée sans consultation du peuple. En conséquence, dès l’adoption de ce programme, un vote populaire sera organisé pour statuer sur la continuation de l’industrie nucléaire

105- La mise en place de l’industrie nucléaire a été préparée dès 1938 avec le dépot de cinq brevets relatifs à la fabrication d’un réacteur nucléaire et exposant les principes pour faire une bombe atomique par l’équipe de Joliot Curie avec Halbans et Kolvarsky avec l’aval de Raoul Dutry, ministre de la Défense. Dés le départ c’est le militaire qui domine.
Puis le Général de Gaulle a crée le CEA en 1945 pour développer cette énergie y compris dans le domaine militaire. La IVème République a lancé le programme de construction d’une bombe atomique en secret et De Gaulle de retour au pouvoir en 1958, l’a légitimé. Pour faire une bombe atomique il faut un réacteur nucléaire pour produire l’uranium très enrichi ou bien du plutonium. C’est pour cela et aussi pour répondre à la crise pétrolière de 1975 et sous prétexte d’indépendance énergétique, qu’il a été décidé sous la Vème Rép de lancer le programme nucléaire civil. Dés le début l’accident est reconnu comme possible (loi du 30 Octobre 1968) et le législateur a décidé d’exonérer l’Etat et les opérateurs de toute responsabilité (indemnités minimales). Sous la pression des polytechniciens (X-Mines, X-Pont qui ont pris la direction du CEA après l’éviction de Joliot Curie en 1950), le programme électronucléaire est défini, la filière REP de Westinghouse (qui est celle utilisée pour les réacteurs des sous-marins atomiques) choisie en 1969 et le plan Messmer le lancera en 1974.
Il n’est pas totalement exact de dire que le programme électronucléaire a été imposé aux Français. Ils auraient pu choisir de ne pas élire les députés qui en étaient à l’origine. Cependant jusqu’en 1974 il n’y avait pas de députés vraiment opposés au nucléaire civil. Il n’y a pas eu de référendum comme on pourrait l’attendre pour tout programme de cet envergure. Les Français n’ont donc pas été incité à choisir, ce qui est le cas de toutes les innovations techniques depuis la révolution industrielle, ère de l’autonomie de la technique (“on ne s’oppose pas à la technique, et tout ce qui pourra etre fait le sera”).

106. Si plus de la moitié des citoyens se prononce pour une continuation, un deuxième vote sera organisé pourdécider du niveau de la production

106- Le nucléaire est en totale opposition avec les principes de base de la décroissance : mesure, humilité, acceptation des rythmes et de la domination de la nature. Au contraire le nucléaire est le symbole de la démesure, du mythe de l’émancipation par rapport à la nature, de la recherche de la taille, de l’énergie perpétuelle, et surtout de la puissance absolue avec la bombe atomique.

Le nucléaire est dangereux, et incontrolable.

C’est une catastrophe comme on a pu le voir suite aux accidents ayant émaillé son développement : Site de Handford (totalement pollué, la préparation de la bombe atomique a fait autant sinon plus de victimes aux USA que son utilisation au Japon, voir le livre de Gallagher “la guerre nucléaire secrète”) Maiack (explosion de déchets nucléaires dans l’Oural), Tchernobyl, Fukushima, avec comme conséquences des zones rendues inhabitables, et des victimes par million, et toutes les zones d’essais de la bombe atomique dans le monde contaminées, les rémanences radioactive de ces essais dans l’hémisphère nord que l’on retrouve en France aujourd’hui, etc…les relachers plus ou moins légaux de radioactivité autour des centrales en activité sachant que toute dose de radioactivité peut être dangereuse, les sous traitants qui interviennent pour 80 % des travaux en zones dangereuses chez EDF et sont souvent victimes d’accidents graves…..
Enfin, il n’existe pas de solutions pour gérer les déchets et démanteler les réacteurs de façon sûre pour les travailleurs.

Pour toutes ces raisons, tout mouvement partisan de la décroissance ne peut qu’exiger l’arrêt du nucléaire.

107- Le seul référendum envisageable pourrait être sur les modalités de l’arrêt : immédiat (en recourant à tout ce qu’on trouvera comme puissances électrogènes au moment de la décision y compris le gaz, sachant que le nucléaire étant marginal dans la consommation finale d’énergie dans le monde ( 2 %) il n’y aura quasiment pas de gaz à effet de serre en plus) ou immédiat mais avec beaucoup de sobriété et uniquement du renouvelable.
L’arrêt du nucléaire ne peut qu’être immédiat à partir du moment où l’on considère qu’il est dangereux. L’enjeu du nucléaire c’est de l’arrêter peu importe par quoi on va le remplacer. Sachant que l’enjeu des gaz à effet de serre concerne la société productiviste dans sa globalité, et qu’il n’y a pas de solutions techniques aux dégats suscités par la technique. Seule la sobriété et la réorganisation de la société autour de celle-ci permettra de lutter efficacement contre la modification du climat.

108- La question climatique :

La société industrielle est née avec le projet d'”arraisonnement” de la nature. Dès le début la société industrielle a cherché à s’émanciper des rythmes naturels et surtout des intermittences de la production. C’est l’usage du charbon qui a permis cette émancipation. On peut donc dire que l’usage des fossiles, charbon, gaz et pétrole est inséparable de la société industrielle et de son projet de mobilisation totale pour la production et avec la société de consommation dans la consommation.
Malheureusement la croissance effrénée conséquence de la concurrence a génèré la destruction de ce que le fossile devait dominer : la nature, montrant qu’on ne pouvait pas s’émanciper de celle-ci mais qu’on doit faire avec.
Aujourd’hui, résoudre la question climatique signifie remettre en cause cette société industrielle dans sa globalité : la religion de la croissance infinie, le pétrole et son monde (voitures, avions), l’agriculture productiviste, la déforestation, etc…mais aussi le globalisme du marché mondial qui génère des transports et des déchets comme les gaz à effet de serre.
Il est vain de croire possible la résolution de cette question grâce à une énième innovation technique, comme le renouvelable par exemple ou bien en ne fermant que des centrales au charbon par exemple. C’est une façon de produire, le productivisme et la société de consommation qui en est résulté qu’il faut remettre en cause. C’est aussi l’imaginaire de cette société de production dont il faut s’émanciper.

Un commentaire

  1. Bien évidemment , en tant que ( très ) ancienne militante anti nuke , je n’ai rien à ajouter aux arguments de J.L.Pasquinet .
    C’est sur le référendum que j’ai des réticences ; tout simplement je crains que la population dans son ensemble soit plus sensible aux nombreux ( bien que fallacieux ) arguments des pro-nuke qu’à une démonstration logique et humaniste .
    J’aurais préféré que cet abandon soit inscrit dans la constitution.
    que signifie exactement ” référendum sur les modalités de l’arrêt” ?
    Merci de préciser.

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