Contribution par Christian Laurut
J’ai lu comme vous tous les commentaires très critiques de Geneviève d’Utopia auxquels j’ai apporté des réponses circonstanciées à titre personnel et en précisant bien qu’elles n’engageaient que moi et pas les autres membres du CA provisoire, et encore moins le parti en formation bien entendu.
Je considère pour ma part, et cela transpire largement dans mes réponses, que ces commentaires sont souvent empreints de mauvaise foi, de déformation du programme DLD et même d’affirmations fausses dans certains cas. J’ai donc fait en sorte de débusquer chacun de ces artifices qui font partie du jeu politicien habituel, mais je l’espère pas de celui du futur parti.
Ce texte de Geneviève est emblématique à plus d’un titre et peut nous servir de référence dans l’argumentation. Il montre également que le programme DLD a cette capacité unique de faire sortir le “loup du bois“, c’est à dire de révéler le vrai visage des simili-décroisants et autres cryptocapitalistes qui, emporté par leur élan polémique, en oublient de cacher leur vraie nature gentiment réformiste. Il soulève par ailleurs une question de fond, et une question de forme.
La question de fond
Au delà de l’analyse technique de ce type de débat contradictoire et de l’étude particulière de tel ou tel argument, la charge d’Utopia pose une question de fond : devons-nous remettre ou pas le programme en débat ?
En fait la réponse à cette question va dépendre du choix que nous allons opérer quant à notre stratégie de communication :
– soit nous visons le “rassemblement”, c’est à dire faire en sorte d’avoir un maximum de mouvements qui adhèrent à notre programme. Dans ce cas, il faut remettre le programme en débat pour ajuster (si c’est possible!) le programme DLD aux achoppements des uns et des autres, ou même pourquoi pas, lancer l’idée d’un programme commun à toutes les mouvances décroissantes dont nous postulerions à devenir le maître d’oeuvre. Avec cette option, nous ne sommes pas sortis de l’auberge et je n’y suis personnellement pas favorable bien que ouvert à la réflexion.
– soit nous visons le “soutien”, c’est à dire obtenir qu’un maximum de mouvements votent et fassent voter pour nous, même si c’est (pour eux) un faute de mieux par rapport à l’offre du moment. Dans ce cas, nous ne devons pas trop nous préoccuper du programme qui est ce qu’il est, qui a le mérite d’exister et d’être cohérent, point barre. Il faut savoir que ce programme, tel qu’il est, présente un caractère clivant par rapport aux habitudes mentales de certaines mouvances, d’une part, et qu’il présente également la caractéristique d’être facilement caricaturable par l’esprit commun (ce qui constitue le défaut de ses qualités). Dans cette hypothèse notre discours de communication devrait se concentrer sur la critique tous azimuts de la croissance (son échec physique, comptable, financier, sanitaire, culturel, alimentaire, politique, etc…), discours hautement fédérateur et très difficile à contester par les mouvances alternatives.
La question de forme
Au delà du contenu de fond de ces critiques et de la nature des éventuelles réponses que nous pourrions y apporter d’un point de vue officiel, je voudrais souligner un point particulièrement important dans cette affaire (et duquel nous devons tirer des enseignements pour l’avenir) : c’est le mode de diffusion utilisé par Utopia pour publier ces critiques.
En préliminaire il convient d’observer que ces critiques sont formulées au nom de “membres d’Utopia en leur nom personnel – Porte-parole: Geneviève Brichet – coordinatrice Utopia Rhône”, ce qui n’est pas très clair et ne nous permet pas de savoir s’il s’agit là d’une position officielle de l’organisme Utopia ou de de l’opinion personnelle de certains membres (et si c’est le cas, lesquels exactement). A contrario, chacun peut observer que mes réponses, elles, ne laissaient planer aucun doute puisque j’avais pris le soin d’être très précis en indiquant que : “ces réponses n’engageaient que leur auteur à titre personnel et certainement pas le parti DLD”.
Ce premier point étant précisé j’en arrive à l’essentiel de l’accusation sur la forme : Geneviève Brichet s’est inscrite volontairement sur la liste des sympathisants DLD (la liste “demain-la-decroissance@framaliste.org” comprenant à ce jour 78 personnes) et c’est cette liste qu’elle a utilisée pour diffuser ses critiques, ce qui me paraît contraire aux règles de bonnes pratiques des échanges contradictoires inter-mouvements.
En effet, s’inscrire en tant que sympathisant d’un mouvement pour pouvoir diffuser des critiques rédhibitoires sur sa liste interne, témoigne au minimum d’un manque de loyauté militante et, au maximum, d’une intention de nuire, c’est à dire chercher à déstabiliser les autres sympathisants par l’exposé d’arguments fallacieux : objectif partiellement atteint d’ailleurs puisque l’un d’entre eux, (mais un seul), Nicole Bayle s’est désinscrite suite à ces critiques en indiquant qu’elle y avait été sensible. A noter que N.B. est coutumière des atermoiements et hésitations diverses, mais là n’est pas la question.
Je considère que Geneviève aurait du réserver ce type de critique rédhibitoire (rédhibitoire, en ce sens qu’elles conditionnent un rejet de DLD) au seul CA provisoire, ou encore mieux à leur publication sur ses propres organes de diffusion, à l’instar de Michel Lepesant, par exemple, dont la démarche critique me semble tout à fait loyale.
Dans ces conditions, je propose :
- de signifier à Geneviève nos reproches argumentés concernant la procédure utilisée (pour info, si le CA ne décide pas de le faire, je le ferai à titre personnel en tant que simple militant)
- de lui demander de participer à un débat filmé afin de clarifier ses prises de positions sur le programme DLD, dont notamment celles qui nous paraissent issues d’une mauvaise lecture du programme
NB. Pour info, je connais un peu Utopia qui est un satellite de la branche gauche du PS tendance Hamon. Ce sont des gens ouverts à la conversation (je n’irai pas jusqu’à dire au débat). Témoin une invitation dont j’ai fait l’objet en 2017 pour venir leur présenter le projet DDR de démocratie directe à bord de leur sympathique péniche amarrée sous le pont de la Concorde face à l’Assemblée Nationale