61 – Projet de politique générale

Contribution par Christian Laurut

Après avoir finalisé un programme de révision de la constitution et des codes juridiques, (le Programme pour une société de l’après croissance) et initié une candidature présidentielle d’alerte sur la décroissance inéluctable, le PPAC doit maintenant développer son action en définissant le plus clairement possible sa stratégie politique.

1er axe : Manifeste de la décroissance inéluctable

A l’approche du début de la campagne officielle de l’élection présidentielle, il importe de bien préciser auprès du grand public quelle est notre interprétation spécifique de la décroissance : la décroissance inéluctable. Cette clarification est rendue d’autant plus nécessaire que le concept de décroissance volontaire tend à se présenter dans les grands médias comme la seule interprétation recevable de la décroissance et que nous devons mettre en oeuvre tous les moyens pour faire valoir notre interprétation propre. Cette démarche pourrait se concrétiser par la diffusion la plus large de ce manifeste en dix points :

  1. Nous rejetons catégoriquement et définitivement la stratégie politique de la masse critique prônée une certaine mouvance dite “décroissante” qui base son action sur l’espoir d’une multiplication des  gestes individuels de réduction de la consommation de ressources naturelles finies.
  2. Ce rejet de nature politique n’implique pas le discrédit ni la condamnation sous aucune forme des choix individuels de ce type, bien au contraire, mais il souligne le caractère négligeable de ces postures à l’échelon mondial.
  3. Nous prenons acte que la quasi-totalité des habitants de la planète ne désire pas adopter un mode de vie frugal, ni opérer une réduction de son niveau de vie.
  4. Nous dénonçons les idéologues qui tentent de persuader leurs militants du contraire et prétendent que les actes de décroissance volontaire individuelles se développent de plus en plus dans le monde.
  5. Nous dénonçons les idéologues qui prétendent que la seule interprétation possible du terme de décroissance est ce type de comportement volontaire et individuel. De ce point de vue, nous considérons qu’ils sont des usurpateurs du terme de décroissance.
  6. Nous dénonçons également ces idéologues pour leurs visées politiciennes, pour leur discours démagogique prônant une décroissance volontaire fatalement porteuse d’une joie de vivre future et n’ayant, en réalité, pour seul objet que l’obtention d’avantages sur-socialisants (dont une dotation financière inconditionnelle) auprès d’un pouvoir politique restant par ailleurs inchangé quant à sa nature oligocratique et capitalistique. De ce point de vue nous considérons qu’ils sont des imposteurs politiques.
  7. Nous affirmons au contraire que la décroissance doit s’interpréter comme une évolution inéluctable du mode de production économique actuel de l’humanité selon les lois de la physique.
  8. La réalité objective nous conduit à affirmer qu’aucun discours sur cette décroissance inéluctable ne sera audible après du grand public, tant que les premiers effets de ce phénomène ne seront pas visibles à l’oeil nu par l’individu ordinaire.
  9. Dans ces conditions, notre mission est d’oeuvrer à mettre en lumière ces premiers effets annonciateurs et à les analyser.
  10. Parallèlement à cette mise en lumière, notre mission et de proposer un programme politique (Le programme pour une société de l’après croissance) qui  se donne pour objectif de gérer la décroissance inéluctable (ou construire le déclin) afin d’éviter le risque majeur d’effondrement lié à la décroissance inéluctable.

2ème axe : Principe de la juste analyse 

Si nous admettons la définition générique de la politique : « est politique ce qui est relatif à l’organisation d’une collectivité et à l’exercice du pouvoir en son sein », nous devons néanmoins y introduire un critère qualitatif qui va différencier notre approche de la politique de celle des autres partis, généralement fondée sur ce que nous dénommerons le marketing des masses.

Ce critère qualitatif différent que nous devons adopter, situé aux antipodes de ce marketing politique, c’est le critère (ou principe) de juste analyse dont nous devons préciser immédiatement le sens exact, afin de couper court par avance à toute mauvaise interprétation.

Car en posant le principe juste analyse en tant que moteur de l’action politique, c’est à dire de l‘agir humain visant à organiser coercitivement la collectivité, nous ne prônons pas l’avènement de groupes politiques se prétendant, chacun d’entre eux et alternativement, détenteurs de «la vérité», et incitant ainsi les masses populaires à adhérer à leurs prescriptions sur la base d’une foi inébranlable, et, accessoirement à donner l’exemple par une série de comportements présentés comme incontestablement vertueux et respectueux d’un cahier des charges axiomatique.

Nous affirmons, au contraire, que l’action d’un mouvement politique doit être guidée, non par la recherche de l’adhésion populaire la plus large possible à son discours, mais, uniquement par le souci de livrer une analyse sociétale sincère assortie de prescriptions, sans se préoccuper de l’impact que pourrait avoir cette démarche sur sa popularité auprès des masses.

Car recherche d’adhésion et recherche de juste analyse constituent deux objectifs contradictoires, le second étant, à notre sens, la vraie raison d’être de la politique d’un point de vue éthique, mais également la seule façon d’avoir une chance, toute petite, mais chance quand même, de pouvoir traiter efficacement le problème de l’impasse de la croissance.

Mise en œuvre de la sorte, la Politique cesse alors d’être une activité marchande et accède à un statut supérieur, celui d’une activité de recherche, de recherche de la cause des causes quoi qu’il en coûte, ce qui implique naturellement et en premier lieu, de dire publiquement ce que nous pensons être la réalité des choses.

Cette recherche permanente de la juste analyse, il faut bien le préciser, définit une posture de principe garante de la vertu d’une organisation politique, mais elle n’emporte aucunement la garantie d’obtenir un résultat idéal, les orientations programmatiques de cette dernière pouvant naturellement revêtir des formes multiples mais toujours nécessairement argumentée et contredites.

En conséquence, l’adoption par le PPAC du principe de la juste analyse entraîne notamment les conséquence suivantes :

  1. Les décisions, déclarations ou prises de position du Parti  ne doivent pas tenir compte de l’audience populaire possiblement générée par ces publications.
  2. La recherche de la satisfaction de l’audience ne doit jamais guider la formulation de nos idées
  3. La prise en compte de l’audience doit concerner uniquement la manière de formuler nos idées afin qu’elle restitue le mieux possible leur sens exact.

3ème axe : Promotion Programme pour une société de l’après croissance (PSAC)

A la différence des différents programmes de l’offre politique répertoriée, le PSAC est un programme uniquement législatif et, de ce fait, ne préjuge pas du détail des décisions opérationnelles que pourrait prendre un gouvernement nommé sur ses bases. Ainsi qu’il a déjà été suggéré, le PPAC, s’il veut participer activement à la vie politique en cours, devra élaborer un projet opérationnel exécutif, directement décliné du Programme pour une société de l’après croissance et cohérent avec les règles coercitives qu’il énonce. Pour plus de précisions sur la distinction entre pouvoir législatif et pouvoir exécutif on pourra se reporte utilement à la contribution “A propos de la confusion (courante) entre le pouvoir législatif et le pouvoir exécutif”.

4ème axe : Implication du PPAC dans les élections nationales

4.1 – Election présidentielle :

Le PPAC a présenté et soutenu un candidat très clairement missionné pour alerter sur la décroissance inéluctable de la société industrielle. Ce candidat a été par ailleurs chargé de promouvoir la mise en œuvre d’un programme législatif global, sur la base d’un mandat impératif. De ce point de vue, le PPAC a  parfaitement rempli son rôle.

Comme cela était prévisible, le candidat du PPAC ne sera pas qualifié pour le 1er tour, et il importe de déterminer maintenant une consigne de vote claire et fondée sur une argumentation cohérente avec les bases idéologiques et programmatiques du parti.

Pour aider à cette difficile décision, il convient de rappeler qu’un mouvement politique porteur d’un projet d’organisation sociétale révolutionnaire (l’adjectif « révolutionnaire » étant pris ici dans son acception technique, c’est à dire qui modifie en profondeur les fondements même du système en place, et non pas dans son acception émotive, c’est à dire qui doit s’imposer par la violence), la question de la participation aux élections proposées par le système en place se pose toujours de façon récurrente.

Elle se pose de façon encore plus aiguë, pour un mouvement comme le PPAC, dont le programme définit des procédures législatives et exécutives excluant, précisément, la plupart des consultations électorales actuelles.

Dès lors la question pourrait se résumer ainsi : pourquoi participer à des consultations électorales que nous réfutons en tant que procédures institutionnelles légitimes, et compte tenu du fait que notre programme définit d’autres procédures incompatibles (même à la marge) avec ces dernières?

Le paradoxe atteint son paroxysme lors de l’élection présidentielle, forme modernisée du suffrage censitaire, où un candidat portant les idées du PPAC doit solliciter, au préalable, l’accord de représentants patentés du système actuel pour faire la promotion d’un programme qui préconise rien moins que la suppression de leurs mandats. Ce paradoxe se traduit naturellement en une mission impossible pour ce candidat.

Au delà de cet écueil, que nous pourrions qualifier de technique, il existe également un obstacle de nature éthique celui-ci, car il semble bien que le simple fait d’accepter de participer à une procédure équivaut, dans la réalité, à valider cette procédure.

Afin de contourner ces deux difficultés majeures, nous avons jusqu’à présent développé un raisonnement basé sur une utilisation « saprophyte » du système, c’est à dire que nos participations aux élections sont orchestrées dans le cadre d’une communication affirmant haut et fort que ces candidatures ne visent pas à l’accession au pouvoir, mais uniquement à l’exploitation des fenêtres médiatiques ouvertes par ces moments de consultations populaires pour mieux faire connaître nos idées, dont la plus emblématique est, accessoirement, de dénoncer globalement le caractère non-viable du système actuel.

Cette posture, certes séduisante, présente néanmoins plusieurs inconvénients compte tenu de la radicalité de notre idéologie.

Le premier inconvénient, auquel nous sommes d’ailleurs confrontés concrètement aujourd’hui, est de rendre très difficile, pour ne pas dire impossible, une candidature présidentielle à cause de la procédure de validation de toute pré-candidature par des élus du système oligocratique radicalement imperméables tant au pronostic décroissant, qu’à la promotion d’une forme d’exercice du pouvoir qui les prive de leur existence politique.

Le second inconvénient, plus généralement, est d’échafauder un discours électoral non électoraliste que les citoyens appelés aux urnes ne sont pas habitués à entendre, et, moins encore à décrypter.

En conséquence, la stratégie proposée est la suivante :

  1. Annoncer que les 500 signatures ne sont pas obtenues, mais que le candidat poursuit sa campagne
  2. Recueillir les témoignages des autres recalés et organiser des tables rondes de dénonciation du système qui seront autant d’occasion de diffuser notre notion de la démocratie
  3. Entamer un procès en règle de la procédure des 500 signatures dans le cadre d’un collectif « dénonciation élection ».
  4. Hormis le cas où un candidat qualifié par le conseil constitutionnel adopterait notre Pacte de la décroissance et de la démocratie,  appeler à la non-participation à l’élection (sous toutes ses formes et identiquement pour les deux tours) et capitaliser notre influence sur l’analyse des chiffres de cette non-participation calculés après l’élection.
  5. Annoncer notre intention de reporter notre action sur les élections législatives

4.2 – Elections législatives

Le PPAC favorisera par tous moyens l’adoption du Programme pour une société de l’après croissance par des citoyens candidats aux élections législatives et appellera à voter pour eux dans chaque circonscription où ils se présenteront.

Dans les circonscriptions où il n’y aura pas de tels candidats, le PPAC proposera à tous les autres candidats d’inscrire à leur programme le Pacte de la décroissance et de la démocratie.

En conséquence le PPAC appellera à voter pour tout parti ou candidat qui aura inscrit ce Pacte à son programme.

Si aucun candidat ou parti n’inscrit ce Pacte à son programme dans une circonscription déterminée, le PPAC appellera à la non-participation (sous toutes ses formes) dans cette circonscription.

4.3 – Principe conditionnel de participation électorale

Le PPAC analysera de façon précise les différents comportements de non-participation électorale : non-inscription sur les listes, non-déplacement en bureau de vote, vote blanc, vote nul, tout en les regroupant sous le terme générique d’abstention.

Le PPAC déterminera une ligne de conduite simple et pérenne pour tous types d’élections en conditionnant son soutien aux candidats à l’adoption minimale du Pacte de la décroissance et de la démocratie. A défaut le PPAC appellera à l’abstention telle que définie dans le paragraphe précédent.